francs-macons-resistants

| Une notice : Joannès Ambre


AMBRE Joannès (Pierre)
Né le 12 avril 1915 à Lyon (Rhône)
Décédé le 21 août 1984 à Menton (Alpes-Maritimes)

Itinéraire maçonnique
Initié dans la loge Union et Liberté, GODF, Orient de Lyon
Apprenti le 6 octobre 1937
Compagnon le 15 juin 1938
Réintégré en décembre 1946
Maître le 3 juillet 1947

Son père, Adrien Ambre avait été initié dans cette loge le 4 février 1920,
ce qui explique la précocité de l’entrée de Joannès Ambre en maçonnerie.

Adresse(s) connue(s)
15 rue des Capucins, Lyon (Rhône)
11 boulevard des Brotteaux, Lyon (Rhône)
5 avenue de Grande Bretagne, Lyon (Rhône)

Mouvement(s) / Réseau(x)
Réseau Alliance
Bureau Central de Renseignements et d’Action
Royal Air Force

Décoration(s)
Médaille de la Résistance

Biographie
Joannès Ambre est né dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. Il fréquente le
lycée de Saint-Rambert puis le lycée du Parc où il est en pension. Il en est exclu et
on l’inscrit, en externe, au lycée Ampère. Son père Adrien meurt en 1932 alors que
Joannès termine le lycée en classe de philosophie. Adrien Ambre se fait enterrer
selon le rite maçonnique. A 18 ans, passionné de politique et déjà “herriotiste”,
Joannès Ambre adhère aux Jeunesses radicales. A 19 ans, il est secrétaire des
Jeunesses radicales à Lyon. Après le lycée, Joannès Ambre entre à la faculté de droit.
Après l’obtention de sa licence, il s’inscrit au barreau de Lyon : il travaille à partir de
1936 dans le cabinet d’avocat d’Albert Claps, avant d’ouvrir son propre cabinet. Il
fait son service militaire dans l’aviation et épouse, à cette époque, sa secrétaire,
Germaine. Mobilisé en 1939, il reprend en 1940 à Lyon ses activités d’avocat et ne
semble pas opposé farouchement au Maréchal, dont il loue l’esprit novateur sur une
loi d’organisation de la cour suprême de justice (Le soir de Lyon, 3 août 1940).
Ambivalent, Joannès Ambre l’est encore quand est publié sous sa signature et celle
d’Henri Baudry La condition publique et privée du Juif en France (le statut des
Juifs) : traité théorique et pratique, publié à Lyon aux éditions Joannès Desvigne et
Cie en 1942. Cet écrit le poursuivra tout au long de sa carrière politique, dont des
photocopies ne manqueront pas de ressortir anonymement - mais par centaines - à
chaque élection (en particulier celle de 1971 quand il est sur la liste de Louis
Pradel, puis encore en 1977). Joannès Ambre expliquera que c’est un condisciple
de faculté qui lui demanda de cosigner une étude purement technique des lois et
textes régissant alors le statut des israélites. Le problème est que l’ouvrage fut préfacé
par un amiral favorable au régime de Vichy. Joannès Ambre espérait, par cet
écrit, dit-il, intégrer le commissariat des questions juives pour agir plus efficacement
en faveur des israélites qu’il voulait protéger. A décharge, on sait que
Joannès Ambre, avant-guerre et pendant la guerre, est venu en aide à de nombreux
Juifs, les défendant par son métier d’avocat, leur procurant des visas. Il a été fait
membre d’honneur de la LICA (LICRA aujourd’hui). Son métier d’avocat lui a également
permis d’aider des Frères inquiétés pour “appartenance à des sociétés
secrètes”. En effet, à partir de l’été 1940, il s’intéresse de près à la dissolution des
loges maçonniques imposée par le gouvernement de Vichy. Quand le Frère Félix
Lebossé est inquiété pour le chef d’inculpation de “reconstitution de loge”, il lui
vient en aide et le met en relation avec un confrère, le bâtonnier Damiron.
Au début de l’année 1941, Joannès Ambre reçoit un télégramme de Léon Faye
qu’il a connu vers 1932, par des amis communs, avec qui il a d’emblée sympathisé.
Ce dernier lui demande d’assurer sa défense. En effet, après l’armistice, Faye
est de ceux qui ne veulent pas s’avouer vaincus, et son opposition au régime de
Vichy lui vaut une arrestation demandée par le général Weygand. Il est finalement
condamné à six mois de détention à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Dès sa libération,
Faye met en place le réseau Alliance (réseau fondé initialement à l’intérieur
de l’armée d’armistice dès octobre 1940, rattaché aux services secrets britanniques,
il travaille principalement dans le renseignement et l’action militaire. C’est
un réseau davantage Giraudiste que Gaulliste, ce qui ne sera pas sans poser de problème)
dans la région lyonnaise. Il a demandé à Joannès Ambre s’il pouvait l’aider.

C’est ainsi que Joannès Ambre entre dans le réseau Alliance. On lui attribue le
pseudo de “Gibbon” (tous les agents du réseau Alliance ont un nom d’animal, ce
qui fit baptiser le mouvement l’Arche de Noé par les Allemands). Grâce à ses relations,
Gibbon (dont le pseudo semble avoir été choisi quelque peu ironiquement
puisque le gibbon est un singe aux bras longs…) procure des fausses identités à
des membres du réseau Alliance ou à des Juifs pourchassés (par exemple avec
l’aide de Michel Grollemund, chef du Cabinet du préfet de Chambéry). Joannès
Ambre, toujours grâce à ses relations, participe au recrutement et donc à l’élargissement
du réseau. Il met également son appartement à disposition pour des réunions
et héberge des membres du réseau comme Marie-Madeleine Fourcade.
En août 1943, compromis à Lyon, Joannès Ambre accompagné de Léon Faye,
rejoint Londres. Il gagne Alger le 8 octobre 1943 pour représenter le réseau
Alliance. Il a pour mission de tenter de venir en aide au réseau et obtenir des soutiens.
Il est ainsi missionné pour expliquer la situation au général Giraud après de
multiples arrestations subies par le réseau. Il doit d’ailleurs solliciter Giraud pour
monter une opération d’échanges entre des prisonniers du réseau et des prisonniers
allemands. Enfin, il est missionné auprès de François de Menthon sur les
possibilités de faire représenter le réseau Alliance à l’Assemblée constitutive
d’Alger. Joannès Ambre tenta d’obtenir audience auprès du général de Gaulle pour
évoquer le réseau Alliance, sans succès. L’opposition De Gaulle / Giraud en est
probablement la cause. Fin octobre, Joannès Ambre rejoint à nouveau Londres. En
avril 1944, ce réseau Giraudiste est intégré au Bureau Central de Renseignements
et d’Action (BCRA) du général de Gaulle. Joannès Ambre demande d’être versé
dans une unité combattante. Il rejoint alors l’escadron numéro 226 de la Royal
Air Force aux côtés de Joseph Kessel. Il y finit la guerre.

Après-guerre Joannès Ambre retrouve son métier d’avocat. Il devient celui qu’on a
appelé “l’avocat des truands” défendant par exemple le célèbre “gang des lyonnais”.
Il est l’un des fondateurs de la section du Rhône des médaillers de la Résistance
avec, notamment, le Frère Marcel Claeys. Joannès Ambre reprend des activités politiques
à Lyon, sa ville natale. Il est conseiller municipal en 1971 et devient l’adjoint
à la culture du maire de Lyon Francisque Collomb en 1977. On lui doit notamment
la création du Théâtre de l’Ouest Lyonnais inauguré dans le quartier du Point-du-
Jour le 10 juin 1980 et surtout la Maison de la Danse - la première en France - inaugurée
le 17 juin 1980 à l’emplacement de l’actuel théâtre de la Croix-Rousse. La
Maison de la Danse est, en 1992, transférée dans le 8e arrondissement de Lyon. En
décembre 1981, Joannès Ambre devient président de la fédération du Rhône du
Parti radical qu’il n’a jamais quitté. Une place porte le nom de Joannès Ambre dans
le 4e arrondissement de Lyon, près du théâtre de la Croix-Rousse. Elle est inaugurée
le 13 septembre 1986 (Délibération du Conseil municipal du 7 juillet 1986).


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